Récits

de mes aventures

par jh_gabioud 06 janv., 2022
Départ d’Orsieres, grosse partie valdôtaine, le souvenir de 2019, autant de raisons de se lancer sur cette PTL 2021! Orsières 8h00, nous piaffons d’impatience sur la place de notre village. Que de souvenirs, que de moments vécus et tellement d'autres à vivre encore. Pas de pression, juste l’envie d’y aller, de s’échapper et de s’y aventurer. C’est pour ce genre d’aventure que l’on s’entraîne et que l’on parcourt la montagne. La famille, les amis, les connaissances sont là et nous profitons de ce vrai moment de foule avant la nature à l’état sauvage. 08h15, c’est parti… Nos jambes, nos têtes et nos cœurs sont prêts pour cette aventure que nous attendons depuis longtemps. La cadence est bonne et nous nous échappons assez vite sur ces sentiers que nous parcourons depuis notre enfance. Dès le départ, nous avons tenté de creuser l’écart, histoire d’ouvrir le chemin pour nous, uniquement. La course est lancée et nous sommes en forme. Nous gardons un bon pas, un peu plus rapide que celui de l’entraînement avec une moyenne de 1000 - 1100 m/h. L’écart se creuse peu à peu et nous grimpons en direction du Six-Blanc. Cette partie hors sentier est parfaitement maîtrisée, puis la crête du Mont-Brûlé est vite avalée jusqu’à la cabane de Mille. Le brouillard traîne par ici, mais la température est parfaite pour courir. Petit stop à la cabane et en route pour la première grosse difficulté, la montée sur la pointe de Boveire et sa descente. Le GPS est enclenché pour des raisons de sécurité, Candide donne le tempo le long du pierrier. Quelques bénévoles et des photographes sont là et nous permettent de nous repérer dans ce dédale de pierres. Je dois avouer que la reconnaissance faite quelques semaines plus tôt nous aide considérablement. C’est avec satisfaction que nous atteignons le sommet, et nous réalisons qu’un petit écart a été créé ; ce qui nous donne une marge de sécurité le long de la descente en direction des cinq lacs. Candide galope toujours devant, quant à moi, je lui confirme la direction. Dans la descente, lors d’un rapide coup d’œil en dessus de l’épaule, nous apercevons une équipe sur la crête qui évolue, elle aussi à un rythme intéressant. Il est toutefois important de rester focalisés sur cette descente très technique et ardue. Rejoindre le chemin officiel des cinq lacs est un premier soulagement, atteindre la cabane de Brunet en contrebas n’est qu’un détail. Nous poursuivons à bon pas jusqu’à Plamproz puis Fionnay sur une partie assez facile et bien balisée. Arrivés à la hauteur du petit village, nous bifurquons et entamons une magnifique montée vers Sovereu et le Dâ. Tout en essayant de garder un bon rythme, nous réalisons que le premier coup de fatigue se fait ressentir, le rythme doit donc être adapté en conséquence. La course est encore longue…. Le col de Cleuson est atteint sans encombre et encore une fois nous sommes satisfaits d’être passés par là auparavant. Comme quoi, il vaut mieux reconnaître le maximum du tracé au risque d’un peu plus de fatigue. Prafleuri est en vue et le passage du glacier du Grand Désert est rapidement avalé, avant une partie plus pierreuse jusqu’à la cabane. Nous sommes heureux d’y retrouver quelques bénévoles et les gardiens pour un bon bol de thé et quelques chips grignotées sur le pouce. A ma grande satisfaction, je retrouve Bruno Ringeval, belle rencontre de mes voyages au Népal. Nous nous sentons bien, et surtout, nous ne voulons pas traîner ici afin de passer de jour le Pas de Chèvres, un des passages clé de cette première journée. En alternant marche et course le long du barrage, nous réalisons qu’à priori, personne ne semble être derrière nous. Le soleil nous quitte peu à peu et le lieu est empli de solitude. Il nous faut tenir encore et le délicat pierrier avant le col sera parfaitement maîtrisé. 19:45 : nous franchissons les échelles du Pas de Chèvres et c’est un nouveau soulagement. Il nous reste une belle descente pour Arolla et nous aurons atteint la première base vie. C’est là que nous retrouvons d’abord Laure et Paula qui sont venues nous encourager puis Philippe et sa fille venus nous voir. Après une très courte pause ravitaillement / changement de vêtements, nous reprenons notre chemin pour la première nuit de cette aventure. Nous ne tardons pas, l’objectif est de dormir à Prarayer, de l’autre côté du col Collon. A deux, le temps passe plus vite, nous nous relayons jusqu’au pied du haut glacier d’Arolla pour tenir une bonne cadence. Il fait bien plus frais, le brouillard traîne et nous devons garder toute notre attention pour tenir l’itinéraire et trouver les balises posées par le guide. Le lieu est un peu mystique, c’est un beau passage de haute montagne avec un glacier pas trop compliqué à gérer. 00:00 : nous arrivons déjà au col Collon, nous ne levons pas le pied et continuons pour ne pas prendre froid. En contrebas, des lumières brillent au refuge Nacamuli, mais nous poursuivons notre chemin. Nous nous arrêterons plus bas, une fois cette interminable descente avalée... Un seul mot d’ordre pour cette partie : prudence ! 01:30 : nous voilà devant le refuge Prarayer - il est fermé. C'est très angoissant. Soudain, le bénévole PTL surgit pour nous accueillir, nous voilà soulagés. Durant cette courte halte, nous pourrons nous alimenter et nous reposer une petite heure. Et dire que je vais à nouveau passer par là, dans deux semaines, lorsque je participerai au Tor des Glaciers. Mais ça c'est une autre histoire... Au réveil, aucune autre équipe ne nous a rejoint, c’est plutôt bon signe... Et maintenant c’est une partie intense qui nous attend jusqu’à Aoste et sa base vie de Saint-Christophe. Il fait sombre et la température n’est pas très clémente. Nous sommes encore un peu endormis. Nous checkons le livetrail et savons, sentons, que nos concurrents tchèques ne sont pas loin après la pause que nous nous sommes accordée. Soudain, nous réalisons qu’ils sont là, pas loin, en face de nous, de l'autre côté du lac à peut-être 1 km à vol d’oiseau. C’est à ce moment que nous nous disons, « maintenant il faut y aller »… Même si nous estimons notre avance à environ 1 heure, ils ne s’arrêteront certainement pas… Nous nous méfions de cette équipe ; ils semblent avoir une grande expérience de raids aventure. Notre avantage principal est notre connaissance parfaite du massif, nous tenons à en tirer profit. Nous franchissons le col de Livourneaz dans la douleur mais sans voir de lumière derrière nous. La deuxième journée est lancée avec un passage rapide au bivouac Reboulaz puis nous poursuivons notre balade en direction du refuge Cuney via les chemins de l’alta via 1, bien connus du Tor. Quel plaisir de retrouver un peu de chaleur et des bénévoles à Cuney pour une petite sieste et un bon repas. La partie jusqu’à la base vie d’Aoste va être terrible avec un enchaînement de 6 cols et une descente de 2200 mètres sur la ville. Reboostés en voyant que les tchèques sont à nouveau 2 heures derrière nous, Candide avance fort et nous tentons de bien gérer ces multiples cols de la Valpelline. Nous profitons d’une petite pause au bivouac la Liée avant de repartir pour le Mont Mary via le col de Fouillou. Cette partie est très exigeante, sauvage et c’est un soulagement de croiser un bénévole sur le sommet du Mont Mary. Il commence à grêler et ni une ni deux, nous devons filer en entamant cette descente tant redoutée jusqu’à la prochaine base vie. Cette descente est conséquente et très exigeante. Nous devons l’appréhender avec prudence pour sauvegarder nos forces.  St-Christophe, nous voilà !! Après un long détour, nous trouvons enfin le centre sportif où Laure et Paula nous attendent de pied ferme. L'organisation de la base est un peu désordonnée, nous ne savons pas trop que faire ni où aller. Nous devons nous ménager, et après une douche ainsi qu'un repas à la cantine du stade, nous repartirons 50 minutes après être arrivés. Le ciel s'assombrit et nous devons traverser la vallée pour atteindre Pollein. Nous poursuivons notre chemin en gardant un bon pas pour grimper, grimper et encore grimper tout là-haut jusqu’à la Pointe Vallette 2600 m au-dessus de nous. Et rien que d’y penser cela est décourageant. Allons déjà à Comboué ! En effet, tentons de penser une étape après l'autre, puis nous rejoindrons le refuge Arbolle. Mais là, le temps se gâte, l’orage se rapproche et nous sommes relativement contents d’être en forêt et bas en altitude. Comme prévu, la montée est interminable. Candide ayant reconnu le tracé m’aide et me conseille ! Plus haut, nous atteignons l’alpage de Comboué et quelques chiens dérangés par notre passage hurlent. Effrayés pas ces aboiements, nous pressons le pas et poursuivons notre chemin pour atteindre le refuge Arbolle avant la nuit. L’arrivée au refuge se fera à la tombée de la nuit pour un repos mérité. Plus tard, nous enfilerons baudriers et casques… puis reprendrons la route en direction de la pointe Vallette et sa via ferrata que nous emprunterons en descente et dans le noir. Candide ouvre le chemin à travers le brouillard, il me guide parfaitement sur ce secteur de crête où le sentier est peu présent. La croix de fer nous signale le sommet et aussi le début d’une partie technique. Par sécurité, nous nous longeons car aucun faux pas n’est permis ici. Ce secteur sera rapidement avalé et une immense descente jusqu’à Epinel nous attend à travers les alpages. Epinel, quel magnifique petit hameau de la vallée de Cogne. Au milieu de la nuit, un petit banc nous suffira pour 3 minutes de sommeil. Il faut encore se relever et continuer pour une nouvelle partie clé jusqu’à Degioz avec les immenses cols de Trajo et Belleface. Quel concentré de difficultés cette PTL 2021! C’est long, très long et la fatigue se fait sentir à mesure que nous prenons de la hauteur. Le col de Trajot est interminable et au beau milieu de la nuit les points de repères sont peu nombreux. Il en faut du courage ! La pente est raide et, aux forceps nous arrivons au col. C’est dur et à nouveau le brouillard est présent dans cette zone. Nous devons rester attentifs. Par mesure de sécurité, je sors, pour la deuxième fois le GPS, mais ce dont nous avons vraiment besoin c’est d’une micro sieste de 5 minutes. Le col de Belleface est tel un mur qui se dresse en face de nous, ça à l'air infranchissable. Mais heureusement, le jour se lève et une énergie nouvelle surgit avec le soleil. La deuxième nuit de cette PTL est enfin derrière nous. Le col est lunaire et le chemin quasi inexistant, nous sommes comme, ailleurs, avec ce magnifique lever de soleil à l’horizon. Cela ressemble un peu à un envoutement après une nuit plutôt brutale. Et maintenant, un beau plongeon doit nous mener à Degioz… Sur le chemin de la descente, l’organisation nous prévient que la base vie n’est pas encore prête, et ceci est un gros coup de stress, car nous avons vraiment besoin de prendre soin de nous. Nos fidèles ravitailleuses devront donc trouver une solution pour que nous puissions nous reposer, nous alimenter, nous sécher, nous changer et ceci sans perdre trop de temps. Plus tard, c’est avec plaisir que nous rencontrons notre team ravitaillement satisfait d’avoir trouvé la solution très appréciée et vraiment top au vu des circonstances. Ce n'est qu'en partant que l'on croise les bénévoles PTL qui viennent préparer la base vie... "Nous avons de l'avance et nous en sommes désolés !" Mais il est temps pour nous de repartir pour la suite... La journée est belle et nous repartons bien boostés de Degioz sur les anciens sentiers du Roi de Savoie. Cela fait du bien de retrouver plus de traversée et du terrain moins raide après tant de verticalité. Nous grimpons plein d’entrain et de motivation car tout va bien. Orvieille et Djouan se présentent avant un bon coup de barre au lac ! Hop ! 5 minutes de sieste au bord du lac et le col Manteau est vite atteint. Il faut tenir, toujours tenir, passer plan Borgnoz et grimper ce fameux Taou Blanc à presque 3500 mètres. C’est un nouveau passage clé et nous sommes satisfaits d’y passer de jour car le terrain est équipé mais exigeant. Corrado, le guide PTL a préparé cela en ordre et le passage sur le glacier est grandement facilité avec nos petits crampons. A l’entraînement, le passage était limite avec des chutes de pierres, mais aujourd’hui tout se passe très bien dans un sentiment de sécurité et nous remercions les bénévoles… Nous voici au point le plus haut de cette PTL. C’est magique et quelle chance d’être là, encore loin du Mont-Blanc… Mais nous nous y rapprochons petit à petit. Nous démarrons la descente et perdons assez rapidement de l’altitude, puis retrouvons le refuge Bénévolo, havre de paix au fond du Val de Rhêmes. Les gardiens sont magnifiques et l’accueil est à la hauteur des refuges italiens. Le repas est excellent, à la hauteur de l’accueil. Candide me sort de mon sommeil et nous repartons de jour en direction du col Bassac pour basculer sur le refuge Bezzi. Le rythme est régulier et le col est atteint sans trop de difficultés en ce début de nuit. Notre avance commence à devenir confortable et cela nous permet de gérer l’effort à notre guise. Qu'elle est longue cette descente, elle est même interminable surtout de nuit, et le refuge Bezzi est compliqué à distinguer dans le noir. Nous devinons une petite lumière au loin et nous nous demandons si c’est bien une lumière du refuge. Affirmatif... La porte du refuge est ouverte mais à 23 heures plus personne n’est présent. Une soupe et du thé sont déposés pour nous. S'en suivent 7 kilomètres de course à pied sur une route qui nous amènera au pied de la prochaine montée. A moitié endormi, dans la nuit sombre et mystérieuse, je réalise qu’il reste encore bien des cols à franchir et du chemin à parcourir. Arrivés à Uselieres, nous avons rêvé d’un petit break à l’hôtel Giasson… Mais notre arrivée trop tardive nous en a empêché. Nous nous contenterons de 3 minutes de pause sur le parking. Un vent frais souffle en direction du lac Saint Grat. La fatigue, elle, se fait ressentir. Impossible de se poser sur le sentier et nous devons poursuivre jusqu’à la petite cabane adjacente au lac afin de trouver un abri. Au lac une surprise de taille nous attend !!! L’abri repéré quelques semaines plus tôt est chiuso. Nous n’avons pas d’autre solution que de sortir nos couvertures de survie. Le froid, à ce moment, est glacial. Nous sommes habillés mais le vent, l’altitude, la nuit nous glacent la peau. Le moment est ultra compliqué, et nous nous trouvons dans un état à la limite de la lucidité. Quelques minutes de sommeil nous sont primordiales, mais dans ces conditions, nous devons faire très attention. Pour nous, il est impossible de trouver une position pour dormir. S’accrocher, résister sont les seules voies à suivre et surtout poursuivre pour ne pas être défaits par ce vent qui nous transperce. Nous sommes dans la montée du col de la Sassière, il n’y a pas de sentier et la pente est très raide avant d’atteindre le restant du glacier. Il faut tenir au courage, au mental… Arrivés au col, nous ne perdons pas une seconde avant de redescendre. Notre priorité est d’atteindre le plus vite possible le refuge du Ruitor. Comme souvent dans une PTL, la descente est mauvaise et le terrain est très exigeant. Avec ce brouillard serré les conditions sont de plus en plus compliquées. Nous ne pouvons pas nous arrêter avant le refuge. Les sensations sont si particulières ici avec la rosée déposée sur l’herbe offrant une drôle de couleur blanche à la vue de nos frontales. Après une lutte acharnée contre le sommeil, Candide et moi atteignons enfin le refuge tant bien que mal. Nous sommes raides ! Nous pouvons enfin nous abriter dans un coin du réfectoire. Il doit être vers 6:15-6:30 lorsque le gardien nous retrouve. Il nous prépare un bon petit déjeuner et avec le levé du jour, nous sommes bien requinqués pour affronter la zone du Petit Saint-Bernard.Le plus dur est passé ! C’est incroyable de voir comment le corps réagit après un moment de crise. Il est temps de continuer notre route vers le col Tachuy. A ce moment, nous sommes à nouveau parfaitement lucides et aptes à nous faufiler dans cette partie bien casse-pattes qui nous emmène jusqu’à l’hospice. Grâce à notre reconnaissance, notre allure reste fluide et la montée au Mont Valezan nous offre un panorama fantastique que seule la PTL peut t’offrir. C'est Grandiose! Le tracé en crête suit l’ancienne ligne militaire et c’est incroyable de constater tout ce qui a été construit durant la guerre. Mais nous n’avons pas le temps de traîner pour l’historique, l’hospice nous attend en contrebas. Quelle satisfaction d’y arriver, de revoir Laure et Paula tout sourire. La base n’est pas tout à fait prête pour nous accueillir. Après 15 minutes d’attente sur place, à tourner en rond, nous laissons nos sacs d'allègement et filons dans un bar côté italien pour déguster un bon plat de pâtes. Laure et Paula nous donnent un bon coup de pouce pour nous changer, nous ravitailler… Pour avancer de jour, nous ne trainons pas trop. Nous n’avançons pas après pas vers le Mont-Blanc, nous avons bon moral et notre condition physique est plutôt pas mal. Ce parcours extra exigeant mais aussi extraordinaire nous permet de découvrir tant de paysages majestueux. Le massif est magnifique depuis ici… et les montagnes que nous aimons tant sont toujours aussi féériques. Le sentier pour Bassa Serra est agréable et qu’il est bon de croiser du monde dans ce lieu si authentique et sauvage. Nous en prenons bien les yeux !!! Toutefois, notre côté montagnard nous rappelle que nous devons rester attentifs – les cordes installées dans la muraille nous aide bien et nous atteignons rapidement le col de Chavanne. Le vent s’est levé, après quelques mots échangés avec des bénévoles, nous allons poursuivre, avec l’objectif d’arriver de jour au refuge Robert Blanc. Au col de la Seigne, le vent souffle fort, nous nous pressons donc et continuons sur cette longue, très longue partie en traversée jusqu’au refuge Robert Blanc. Candide lit parfaitement l’itinéraire pour nous conduire, juste avant la nuit, au dernier refuge partenaire. C’est parfait, accueil magnifique, bénévoles au top, repas succulent, le repos est confortable… L’écart est creusé, et nous sommes heureux de pouvoir bénéficier d’une météo plus clémente pour les prochains kilomètres à parcourir. Je pense que j’ai dû avaler en tout cas 400 grammes de pâtes tellement c’était bon. Candide et moi réalisons que nous ne sommes plus qu’à quelques encablures de Chamonix. Si tout va bien, nous allons clore cette aventure et en beauté ! Candide, bon calculateur, vise un finish vers 12 heures le lendemain. Nous pouvons donc envisager notre première longue sieste, après près de 90 heures d’effort intense. 02:30 : Candide me sort de mon sommeil et je suis ailleurs ! Nous profitons de prendre un bon thé chaud et nous nous relevons, pour une ultime journée. Si tout va bien, notre prochaine pause sera à Chamonix… Le vent est tombé, la température est acceptable, nous quittons alors le refuge pour remonter à la Grande Ecaille et atteindre le col d’Enclave. La descente va être sport car le terrain est technique à souhait et le sentier est réputé pour être mauvais. Nous assurons nos pas à travers le brouillard ; c’est le dernier spot engagé de cette PTL. Nous voyons l’alpage de la Balme, encore endormi à 5 heure du matin. A ce moment, je ressens un léger coup de barre, je dois me battre contre mes paupières devenues très lourdes. Puis, je perçois une petite lumière à Nant Borrant et nous tombons, avec plaisir, sur Patricia la gardienne qui nous accueille à bras ouverts pour un excellent petit-déjeuner. Le long du val Montjoie, nous calons un peu. A ce moment, Nicolas du PC course nous contacte par téléphone… Cela nous donne un bon coup de fouet… Le jour se lève et notre énergie, elle aussi s’accroît… Nous accélérons, oui nous accélérons au kilomètre 280. Un nouveau regain d’énergie nous fait grimper à 900 m/h, c’est enivrant ! Chalet du Truc, chalet de Miage, plus rien ne peut nous arrêter et nos pauses sont limitées au minimum. Le col Tricot n'est qu'une formalité à ce moment-là de la course. Chamonix se fait fortement ressentir. A Bellevue, nous nous changeons une dernière fois. A cet endroit, mon genou commence à me faire souffrir, quelle poisse ! La douleur est gérable. Je garde espoir que cette sensation ne s’empirera pas d’ici la ligne d’arrivée qui n’est plus très loin. Par des mouvements souples et fluides, je tente de gérer cette douleur tant bien que mal. Le village des Houches se présente rapidement. Nous sommes heureux de rencontrer des connaissances. Il nous reste encore quelques 8 kilomètres à parcourir sur ce tracé… J’ai l’impression que des ailes ont poussé dans le dos de Candide, il me motive à courir et relancer… la magie opère… Peu avant Chamonix, Marc, un client, nous accompagne sur quelques mètres… des runners font demi-tour et nous suivent en constatant que nous faisons partie des concurrents PTL… Les Gaillands sont bien passés, le dernier moment de calme avant la dernière ligne droite. Il y a comme une étincelle dans l’air… nous entendons crier à gauche à droite, les applaudissements se font de plus en plus imposants… Le public, ah le public, il est chaud… Quelle sensation particulière d’entrer dans Chamonix dans cette ambiance. Nous venons de parcourir 299 kilomètres dans des terrains hostiles, en rencontrant uniquement quelques personnes, seuls en montagne… Cette clameur, ces spectateurs nous donnes des frissons dans tout le corps. Nous volons vers la ligne d’arrivée. Et voici, déjà, le dernier virage avant cette ligne d’arrivée, avant d’apercevoir cette église tant rêvée, au beau milieu de ces acclamations, flash-back souvenirs des difficultés rencontrées durant ce périple, ces émotions intenses déjà vécues et ces nouvelles émotions qui surgissent… c’est de la folie, c’est indescriptible ! Nous l’avons fait. C’était dur, mais nous y sommes… Bonjour Chamonix et merci ! Il est 12 h 48, Candide et moi sommes dans les temps – nous sommes heureux. Il nous aura fallu 100 heures 38 minutes pour joindre Orsières à Chamonix, sur un tracé audacieux, merveilleux, un parcours concentré de difficultés – probablement une des PTL les plus dures, mais sans doute une des plus belles. Nous débarquons d’une autre planète… la planète PTL.
par Jules-Henri Gabioud 02 oct., 2021
Courmayeur – Cogne L’émotion fut palpable, au départ déjà en petit comité dans une magnifique ferveur que seuls les italiens savent faire. C’est ça la Vallée d’Aoste, le Coeur sur la main et la passion de la montagne ! Une grande partie de la première nuit, je fus en tête sur ce tracé bien accidenté et ce terrible passage du pas de Planavel. Avant Bezzi, je retrouve la voix du trail et du ski alp, mon ami Silvano et ses mots me donnent un bon coup de boost jusqu’au refuge, où je retrouve Laure pour la deuxième fois de la journée. Après une courte pause, une bonne assiette de jambon / fromage avalée, je continue ma route. Toujours en solo, mais toute cette solitude et lassitude me guettait déjà du côté du refuge Bénévolo où je retrouvais Candide. Il me manquait ce truc, un petit détonateur pour franchir les massifs et poursuivre mon chemin. Je commençais à caler un peu et la seconde nuit approchant, le doute était aussi présent. Seul ou à plusieurs ? Refuge Savoia, petite sieste de 10 minutes et je découvre d’abord un adversaire, puis un compagnon d’aventure et bientôt une personne qui deviendra un ami. A deux, la nuit sera plus tranquille et sécurisante avec le passage du Grand Neyron. Je ne tarde pas à découvrir que l’entente avec Luca est juste parfaite. Plus tard, il nous faudra un regard pour comprendre qu’il nous est judicieux de prendre un petit break au refuge Victor Emmanuel où l’accueil est mémorable. En effet, Luca et moi sommes sur la même longueur d’onde et le temps passe vite sur cette traversée pour rejoindre le refuge Chabod où le gardien nous attend ! Encore 15 minutes de sieste et en avant pour le second gros col technique avec le Grand Neyron et sa via ferrata dans le sens de la descente. L’énergie mise pour maîtriser ce passage est importante et au niveau de Levionnaz, nous subissons un grand coup de mou, un alpage traversé, sera le seul abri dans le coin où nous pourrons rester pour quelques instants, pour se reposer quelques minutes. Nous repartirons ensuite pour le Loson en profitant, d’un moment rien qu’à nous, avec un lever du soleil MAGISTRAL ! Mythique mon Luca. Nous rejoignons assez rapidement le refuge Sella en contrebas où l’accueil et le repas, une fois encore sont fantastiques. Quelle passion!! Arrivés à Cogne après 160 kilomètre de course, nous réalisons vite qu’il nous reste encore quelques 300 bornes à parcourir pour atteindre Courmayeur, c’est effrayant ! Cogne – Donnas Hormis une petite ampoule, tout va bien ! Mon compagnon d’aventure et moi gérons plutôt bien cette montée de Cogne au refuge Grauson en estimant notre suite de parcours, où la nuit nous surprendra ! Le refuge est flambant neuf et magnifiquement posé dans un imposant vallon. Après une polenta-saucisse et un succulent chocolat chaud, nous reprenons notre rythme, régulier, pas après pas, mètre après mètre en direction du Pas des Invergneux. Encore un effort pour la Fenêtre de Champorcher où nous reprenons l’itinéraire du TOR330 avant de se laisser lisser au refuge Dondena. Pasta, chocolat chaud et en avant pour 20 minutes de dodo. Là encore, nous avons été choyés comme dans tous les refuges. Au réveil, nous checkons où en est Stéphanie, troisième du classement général. Puis, nous nous engageons déjà dans une troisième nuit, une nuit sauvage où il faudra que nous soyons forts. La descente sur Champorcher est une formalité et c’est avec beaucoup d’émotion que je retrouve Michela et quelques habitants de ce beau village de montagne. Je me sens rassuré de me retrouver ici avec Luca. Notre progression est constante et régulière. La montée au col suivant est longue et nous fatiguons un peu sur la partie finale. Ce col est magnifique de jour, mais ressemble à l’enfer de nuit. Tous nos repères se perdent dans l’obscurité de la nuit. C’est le premier moment de ce parcours où l’on perd la maîtrise de notre gestion de course. Nous nous entraidons et poursuivons notre chemin en visant un gros sommeil à Retempio. Il ne faut pas traîner à Crest et la montée en direction de Retempio est vite avalée avec un âne un peu énervé qui nous poursuit. Nous sommes accueillis par une gardienne nous offrant toute son aide, puis nous nous rendons dans les bras de Morphée durant 1h30. Ce fût l’un de nos plus long sommeil sur ce tracé. Le jour se lève, l’énergie revient, les histoire passionnantes de Luca aussi. Nous poussons bien jusqu’au col Pousseuil, où l’on apprécie l’arrivée du soleil qui caresse notre visage. La progression est bien plus constante jusqu’Alpe Bonze. On a le SMILE et Donnas n’est plus qu’à une encablure. Nous sommes à la mi-course, soit au KM 226, nous nous sentons bien, tous les feux sont au vert. Il ne reste plus qu’à rentrer à Courmayeur et chaque pas nous conduira dans la bonne direction. Mais bon Dieu, nous ne sommes qu’à la moitié.
par Jules-Henri gabioud 07 août, 2021
Quelle sacrée aventure avons-nous vécue Candide et moi sur probablement l’un des trail les plus difficiles d’Europe! Du caillou et encore du caillou, du hors sentiers sur une partie du parcours et presque aucun moment de répit ! Juste incroyable !!! C’est après presque deux ans sans course, que la magie de l’ultra a refait surface. Tout cela en Corse, puisque Candide et moi n’avions pas pu prendre le départ de l’X-Alpine à Verbier. La Corse, cette terre du si beau GR20. La course était terriblement difficile, le soleil était terriblement chaud, la température était terriblement étouffante, les cailloux… ils étaient nombreux ! et ces cailloux, il ont fait mal aux gabioud ! C’était dur, c’était long avec du chaud, de l’étouffant parfois. Cette course était organisée en solo. Mais Candide et moi avions tout de même décidé de courir ensemble. Les 110km et les 7000 m+ ont fait de cette UTC, notre chemin de croix. Après un départ plutôt raisonnable, nous avons pris la décision de nous arrêter au km 85, à Grotelle après près de 20 km en roue libre à admirer cet enfer et choisir une porte de sortie, sauf que… Sauf qu’en Corse, on ne lâche pas comme cela, les corses ont du caractère, de la fierté et surtout du cœur. Comme les corses, nous les valaisans, nous marchons, nous aussi, beaucoup aux sentiments. Pour la gentillesse et les généreuses attentions des bénévoles et du fantastique team du ravitaillement de Grotelle, nous ne pouvions pas baisser les bras. Nous avons finalement décidé de reprendre notre chemin et de le terminer ce Restonica. Pour cet UTC, pas de podium, pas de temps canon, mais une satisfaction, oh combien plus importante. La satisfaction de n’avoir rien lâché et d’avoir pu compter sur le lien de la fraternité, et la puissance de notre passion pour le trail. Il nous aura fallu 19 heures et 53 minutes, pour avaler 110 km de cailloux et de poussière et 7000 m de dénivelés positifs sous le soleil corse et une chaleur étouffante. Nous terminons toutefois à une très satisfaisante 5 e place, main dans la main entre frères.  Merci Restonica, merci la Corse, c’était exigeant, c’était génial au final.
par Jules-henri gabioud 22 déc., 2019
Au sujet de la PTL Pour une petite trotte, ce fut une sacrée trotte à parcourir cols, montagnes et refuges durant ce tour du Mont-Blanc élargi. Ce n’est pas une course mais une aventure où la seule personne sur qui tu peux compter est ton coéquipier et la seule chose à faire est de mettre un pied devant l’autre, mais sans trébucher, tellement la montagne est sublime et tellement la fatigue permanente. Et la PTL, c’est en équipe aussi, car, à deux on ne va pas plus vite, mais on va surtout plus loin. Seul on franchit un col, en cordée on traverse un massif ! En solo, un coup de moins bien te sera fatal, en équipe, on les surmontera tous. Pour le coup, mon équipier était tout trouvé avec mon frère, Candide, sur sa lancée de faire toutes les courses de l’UTMB. OCC15, CCC16, TDS17, UTMB18, cela ne pouvait être que PTL19. Désolé pour ce langage codé que seuls trailers et bénévoles peuvent décoder, mais, ça fait partie du tout. Oui, la PTL fut une aventure où le dossard n’est qu’un simple bout de papier flottant au vent tel, un petit drapeau de prières. Il te rappelle aussi pourquoi tu es là : réaliser un défi ? te surpasser ? toucher tes limites et fabriquer des souvenirs pour la vie ? Sur le papier, ça fait vachement peur cette histoire avec ses 25’000 m+ et ses 290 km. Pas après pas, souffle après souffle, ça peut le faire. Alors, on embarque ? Chamonix, l’église, c’est ici que toute cette histoire d’amour avec le trail commença 12 ans plus tôt après une soirée, et en plus, en tête à tête avec la nature mais aussi avec l’endurance. Pourquoi ne pas refermer ce livre, mon histoire avec le trail par la plus belle aventure qui soit, la PTL ? Balise enclenchée, mollets affutés, sacs ajustés, c’est parti dans les ruelles de Chamonix mais plutôt tranquille, histoire de s’échauffer un peu et croiser quelques amis. Départ tout simple, sans fioriture mais plein d’émotion ! Chamonix se réveille ! Candide et moi nous échappons, après tout, autant faire du chemin tant que ça va. Il y en aura assez de coups de mou plus tard. Ces premiers kilomètres passent finalement assez bien et nous sommes contents de quitter les Houches pour partir à l’assaut de la belle montagne avec l’ascension du col des Rognes. Candide a vraiment une belle forme et je dois m’accrocher un peu… Nous en profitons aussi pour papoter durant la montée et se caler sur un bon rythme. En dessous de nous, nous remarquons que les espagnols et les frangins Trivel ne sont pas si loin, alors que le pierrier au-dessus de col du Mont-Lachat approche. Le pas est bon, nous enfilons notre casque sous ce col afin de franchir le pierrier, puis nous atteignons l’échelle signalant la fin du col. Un petit écart est creusé mais peu importe, notre rythme n’est pas si mal et la vue ici est grandiose. Le col Tricot est assez rapidement avalé et nous sommes impatients de boire un coup à Miage. Nous en profiterons également pour déguster une tarte aux myrtilles. (Pour le guide culinaire des refuges de la PTL, écrivez-moi !) Cette pause nous requinque. En repartant on distingue les frangins Trivel juste derrière nous. Il nous faut 10 minutes pour digérer et arriver au chalet du Truc pour reprendre notre allure. Cette pause nous donne un regain d’énergie et la traversée / montée au refuge de Tré la Tête n’est pas encore trop longue. Nouvelle pause boissons, les gardiens sont surpris de nous voir déjà ici. Nous poursuivons ensuite notre bambée via la Balme avec, encore une pause sirop, puis le col d’Enclave. Cette magnifique ascension nous conduit dans le pierrier avec vue plongeante sur les lacs Jovet. Nous jetons un œil en arrière et apercevons les frangins Trivel un peu en-dessous. Pas le temps de basculer qu’il faut remonter au col de la Grande Ecaille avant une bonne descente au refuge des Mottets pour… manger un morceau. Quel plaisir de voir ici les bénévoles et de parler un peu tout en dégustant l’excellent repas. Nous prenons notre temps et les Trivel arrivent peu après nous. Nous décidons ensuite de repartir à quatre. Pour moi, la digestion est plutôt compliquée mais la montée au col de la Seigne se fait sous une lumière fantastique… Tout en admirant ce beau spectacle, nous profitons de ce moment pour papoter avec les frangins Tivel et partager nos aventures trail. Pour être franc, ces diots (saucissons savoyards) nous donnent du job et nous n’arrivons pas dans notre meilleure forme au col. Il est temps donc de se couvrir et d’attendre que ça passe. Nous laissons un peu d’avance aux Trivel et continuons notre périple via le col Chavannes puis les crêtes du Mont Fortin. La fin de journée est belle et les lumières sont justes incroyables. Ici nous sommes seuls au monde et la montagne est juste partagée entre deux équipes de frangins. La magie de la nuit arrive, il est temps de sortir frontale, le coupe vent sur cette traverse en crête. Nous nous sentons mieux , l’énergie est à nouveau là. Nous profitons de cette forme pour recoller aux frangins Trivel au col de l’Arp. Nous avions reconnu cette partie hors sentier peu agréable, Candide trace la route droit dans la pente dans le bon couloir. Puis nous retrouvons Alberto sous la Tête des Vieux. Nous profitons de ce moment pour admirer les lumières de Courmayeur. Faut-il être un peu dingue pour passer sa nuit au cœur des Alpes ? Mais oui, et en plus nous prenons du plaisir, ici, comme un peu détaché de ce monde comme sur une autre planète. Nous continuons notre balade à quatre sur cette crête un peu délicate avant de retrouver le sentier dans les alpages. Tout va assez bien pour Candide et moi, les frangins Trivrel, descendent plus lentement que nous sur Pré-St-Didier; nous en profitons pour prendre un peu d’avance en vue d’un petit dodo à Morgex au km 83. 00 : 11, base vie de Morgex, nous sommes contents d’y arriver et nous y retrouvons les amis Elena, Mimmo, Loris et les bénévoles PTL. Douche, change total et dodo de 45min, les frangins Trivent arrivent 10 minutes après nous. Pas facile le dodo car nous soupçonnons un gros ronfleur dans les Trivel. Départ de Morgex vers 2heures du matin, encore un peu endormis mais assez lucides. Cette partie est un peu moins montagne, moins intéressante et la traverse sur Vedun se fait en compagnie des frangins Trivel. Ce trançon est un peu monotone mais j’apprécie de pouvoir être à quatre. Toutefois, nous nous réjouissons du retour du jour. Plus tard, la fatigue se fait sentir ; Candide et moi décidons de nous poser 5 petites minutes chrono pour un petit som’. Le soleil se lève et je n’ai plus de force, chaque pas vers le col de la Paletta est difficile et je vis vraiment un moment difficile. La montée vers le col est dur et je souffre. Tout me tombe dessus, mal aux jambes, sommeil, fatigue, j’ai l’impression que nous n’y arriverons jamais. Candide m’encourage mais je ne dis pas un mot; j’acquiesce juste de la tête. Puis, le temps passe, nous avons tout de même avancé et le col puis puis le refuge Fallère sont visibles. En contrebas, nous distingons les Trivel sur la terrasse. Je suis mal et j’ai besoin d’une pause alors nous profitons pour dormir à l’arrache dans le refuge. Nous devons toutefois souligner que le gardien, nous attendait pour 17 heures ! Il est 8heures du matin… Pour couronner le tout, mon petit-déjeuner ressort, encore plus vite qu’il est entré dans mon estomac. Me voici au plus mal, Candide me regarde tout désolé. Flûte, ça me joue encore des tours et je suis dépité. Stop ou encore ? Mieux vaut s’en aller mais le sommet du Mont-Fallère parait tellement haut que ça sera difficile. Pas après pas, mètre après mètre nous grimpons vers cette montagne au panorama fantastique. Arrivé au sommet, je ferme les yeux 1 minute et Candide en profite pour signer le livre du sommet comme ultime souvenir de notre PTL. A coup de coca, cela commence à donner le tour et la terrible descente du vallon de Flassin sur la route passe encore assez bien. Vivement l’arrivée à Etroubles pour changer de balise et tenter de mettre quelque chose dans mon estomac vide. Candide est bien et fait les courses avant une petite pause chips au cœur du village. Ici c’est un peu comme chez nous et c’est bien d’être là. pour un moment de calme. La montée au col Champillon fut extrêmement longue, interminable, infinie pour moi. Je suis collé au chemin, lent, mou, lourd. Candide me propose même d’échanger nos sacs sur cette portion. Le col est finalement enfin là et nous savons que le refuge Champillon est à quelques 10 minutes en contrebas, quel soulagement ! Ici, nous retrouvons des bénévoles mais aussi un succulent repas préparé par le refuge. Viande séchée, fromage, polenta, nous voici un peu requinqués. Mais, nous ne tardons pas trop et la descente est rondement menée. Petit détours à Glassier pour boire un coup avant d’attaquer cette grosse ascension sur By pour plus de 1500 m+. Nous retrouvons un peu de rythme et la température est parfaite pour cette longue ascension, la dernière déjà en Italie. Nous voici au refuge Chiarella avant la nuit, près du poêle et mangeant un morceau. Malgré le temps maussade, pluie et brouillard, le moral est bon et nous repartons en direction de Chanrion. On ne voit pas à 5 mètres avant le col de By et je prends le GPS pour la première fois pour assurer le coup. On cherche les cairns fabriqués 10 jours auparavant par Gigi avant d’atteindre le col où nous sommes surpris de ne voir personne. On enfile les crampons et entamons la descente en plein brouillard avant de distinguer la lampe de Corrado, le guide de la PTL. Les étoiles ne sont pas dans le ciel mais elles sont juste devant nous sur le glacier nous signalant ainsi la voie à suivre. Plus bas, On retrouve Corrado qui nous aide à enfiler le baudrier et le slalom à travers les crevasses est rapidement effectué. Il pleut bien et ce n’est pas très agréable mais le balisage nous permet d’avancer confortablement. C’est ok avec le glacier mais un cimetière de pierres et de roches nous attend et tout est ici détrempé. Il faut une concentration extrême et je guide Candide afin de rester sur la trace GPS pour retrouver les fameux points jaunes sur les rochers. Au loin, nous distinguons les lumières de la cabane qui ne semble pas très proche. Encore un petit effort et nous voici autour des 23h à la cabane Chanrion où les gardiens Célien et René nous concoctent un bon petit plat. Nous échangeons nos places avec les Trivel. Ils repartent et nous arrivons. Une heure de sommeil est bienvenue. Nous sommes Suisse, au chaud, et ma fois ça va encore assez bien ! Repos de courte durée et nous voici embarqués dans une nouvelle nuit à longer l’immensité du Val de Bagnes. Cette nuit est sombre la traversée est longue du côté de Tsofeiret. L’unique lumière visible se trouve très loin au niveau du barrage. En levant les yeux, deux petites étoiles grimpent au loin ; ce sont les lampes des frères Trivel dans la région des écuries du Crêt. Mauvoisin, le barrage, enfin ! Il nous faut fermer un instant les yeux et nous voici lancés à l’assaut des écuries en voûtes du Vasevay. Nous avons encore un rythme acceptable, mais il n’est pas facile de se tenir éveillés durant cette 2 ème nuit. Nous décidons donc de faire un nouveau micro-sommeil de 5 minutes sur le plancher des écuries du Crêt. Encore un petit effort pour le Col de Sarshlau, où nous retrouvons enfin la lueur du jour et une nouvelle énergie pour arriver à la cabane Louvie. Là, une petite pause est bienvenue. Après une petite pause dodo bien nécessaire, quelques tartines sont les bienvenues. Puis, nous reprenons le chemin en direction du cœur de ce Val de Bagnes, mais sans le road-book oublié au refuge. C’est sans compter sur l’aide-gardienne, Amélie, qui nous rattrape au pas de course sous le col Termin. Super esprit PTL et merci à elle pour son aide ! Allez, encore une petite pause café, chips à la cabane Mont-Fort et nous croquons chips après chips, euh non plutôt petit à petit ce Val de Bagnes. Col du Creblet, Col des Mines, Tête des Etablons passent bien et, nous nous connaissons bien le coin. Emma et Albane se promènent du côté de la Croix de Cœur. cela fait du bien de parler un peu de notre aventure. Encore un petit effort pour atteindre la Pierre Avoi, tout en donnant un coup d’œil à notre cher Val Ferret, juste en face. En avant pour une difficile descente de 2’000 m de dénivelés. Puis, jusqu’à Salanfe l’enchaînement va être colossal. C’est le spot PTL 2019, c’est ici qu’il faut être au top après 200 km ! Nous comptons les champignons en descendant : cette partie du parcours assez monotone mais après l’interminable toboggan, nous débouchons enfin à Charrat. Là place à une glace à l’eau, bien mértitée pour poursuivre tranquillement jusqu’à Fully et sa base vie avec, tout de même, 205 km au compteur ! Nous sommes contents d’y être et une bonne douche nous y attend. Physiquement ça va, moralement aussi, nous apprenons que les frangins Trivel sont partis il n’y a pas si longtemps. Objectif le Grand Chavalard de jour ! Il va falloir abréger la pause et, après la douche, avaler une petite planchette valaisanne. Nous sommes ensuite en chemin pour la suite. Nous avons été heureux de rencontrer les amis et connaissances à Fully ; cela fut bien agréable de repartir plein d’énergie, cela grâce à vous. Dès maintenant, la donne est simple, 2500 m+ dans les dents, c’est énorme ! Mais nous y arriverons ! Objectif 20 heures à la croix sommitale. De la patience, il en faudra pour ce véritable mur, partant de la plaine jusqu’au ciel. Nous trouvons très vite notre rythme calé sur un bon 750m/h jusqu’à Planuit où l’on croise Théo, un jeune coureur de Fully qui nous tiendra compagnie jusqu’aux Garettes. Là d’autres amis skieurs-alpinistes nous attendent. Il est temps de quitter le sommet du Kilomètre Vertical pour atteindre le replat de Sorniot. Pas par pas, nous avançons et nous avalons les mètres qui nous séparent du sommet. Le ciel se charge et nous pressons un peu le pas avec l’objectif d’atteindre le sommet pour les ultimes moments de jour vers 20 heures, comme prévu. Nous sommes bien éveillés et profitons de nous hisser sur nos bras afin de franchir les paravalanches. En temps normal, l’exercice est facile, mais là… c’est différent. A nouveau, nous vivons un moment unique où les bouquetins sont ici nos seuls compagnons d’aventure et nous regardent avec curiosité. Allez, allez, la croix est juste au-dessus de cette crête et après un ultime effort à la force de nos bras mais aussi avec notre cœur nous débouchons sur ce Chavalard, petit Everest de cette PTL. Wouah ! 20h02, quelle satisfaction ! Nous enfilons notre casque et poursuivons directement la traversée et la descente sur Fenestral. C’est une course contre la montre et chaque minute de jour compte, chaque minute de jour est une minute de gagnée car la nuit tombera et ralentira notre avancée. D’autant plus que du côté de Morcles le temps semble bien se couvrir. La descente est bien sportive mais les cordes fraîchement installées facilitent grandement l’avancée et permettent de trouver son chemin aisément. Nous assurons le coup avec Candide en pesant bien chacun de nos pas. Quelques rochers se décrochent sous nos pas, mais nous parvenons au col du Basse juste au bon moment pour sortir les frontales. Le gros est passé et il nous reste un bon quart d’heure afin de glisser jusqu’à la cabane de Fenestral. Nous sommes soulagés d’avoir pu passer ce passage dans ces conditions. La cabane nous attend comme un havre de paix. Nous distinguons, une lampe 30 minutes au-dessus du refuge, c’est les frangins Trivel. A la cabane, nous prenons notre temps. Nous en profitons aussi pour parler avec les bénévoles, Alberto et Beppe,après un bon repas. Après une petite sieste de 20 minutes, nous reprenons notre chemin avec les idées claires. Nous ne voulons pas trop tarder, une pause sera certainement utile à la cabane de la Tourche. L’allure est encore raisonnable en montant à la Dent de Morcles mais la pluie nous surprend avant le sommet et nous sommes obligés d’accélérer un peu. Heureusement, il ne fait pas froid mais le sol est détrempé et requiert encore plus d’attention et chaque pas doit être assuré. Le passage de la boite aux lettres est plutôt sportif après 220 km et nous assurons au maximum la descente en se concentrant seulement sur le moment présent. Le sol est glissant et nous savons que nous devons nous méfier de ces millions de pierres entassées ici; elles sont prêtes à nous projeter dans le vide. Nous retrouvons l’abri militaire et il va falloir bientôt prendre la vire des Martinets afin de longer, longer et encore longer ce sentier jusqu’au col des Martinets puis jusqu’au col des Perris Blancs. C’est vraiement long! Mais quel spectacle de voir les lumières des villes au contrebas et quelle émotion incroyable d’être juste les deux, entre frères, sur les sommets, sur les crêtes, en pleine nuit, à réaliser, à assouvir ce rêve d’aventure comme deux petites étoiles perdues dans un ciel sans fin. Candide fatigue et perd patience alors que nous sommes dans la descente afin de rejoindre la Vire aux Bœufs puis la cabane de la Tourche que j’aperçois. Candide ne la voit pas, juste en-dessous de nous et ma fois, cela arrive, nous nous énervons ! Fatigue quand tu nous tiens… Nous arrivons enfin à la cabane de la Tourche, merveilleusement bien accueillis par Karine la gardienne et … les frères Trivel qui reprennent leur chemin. Ils nous proposent de les accompagner. Malheureusement, avec l’énergie dépensée à Morcles, il nous faut un moment de repos pour bien affronter la suite et fin de cette PTL. Karine nous prépare une soupe tout en nous tenant compagnie, c’est très agréable de pouvoir parler. Nous apprenons avec tristesse que notre ami JeePee est arrêté du côté italien. Nous pensons à lui qui aime tellement ce lieu et à notre reco en commun de cette portion de parcours. Il est temps de fermer les yeux et de se laisser aller à rêver de Chamonix car oui on tient le bon bout de cette aventure. Je verse totalement, mon sommeil est très profond jusqu’à ce que Candide me réveille. Je suis dans le dur et complètement ailleurs mais il nous faut repartir pour terminer et clore ce voyage. La descente sur Collonges se fait en semi-lucidité avant de retrouver un peu d’énergie le long de ce nouveau toboggan. On en a franchement marre, il est 4h du matin, nous sommes perdus dans cette forêt avec comme point de repère uniquement notre reco d’y il a 3 semaines auparavant… Le village est mort, pas un chat, pas un bruit et nous en profitons pour faire n’importe quoi. 2 minutes assis sur la terrasse du café du village, 5 minutes à la fontaine pour finalement terminer par trouver un paquet de chips au distributeur de la gare d’Evionnaz. Sans oublier, l’arrêt cloque de Candide 5 minutes après. Ce n’est pas top et ça sent la grosse fatigue tout ça. Mais ça va, seulement 1’800 mètres de dénivelés positifs nous attendent pour le col du Jorat. Cela sera notre ultime chemin de croix de cette PTL, mais que ce fut dur ! Cette montée, c’est une grimpe terrible où les points de repères sont peu nombreux et je dis à Candide de tenir jusqu’à Cocorié car nous ne serons plus très loin du sommet sauf que le sentier est raide et monotone. Nous sommes à la limite, je tente d’encourager Candide et je regarde aussi mon altimètre qui semble figé. Nous sommes à bout, démotivé, exténué, au bout du rouleau mais nous ne lâcherons point ! On effectue quelques petites pauses avant de croiser un cueilleur de champignons dans la montée, nous avertissant de ne pas marcher sur les cèpes. Il y a ici des milliards de bolets et non, nous n’hallucinons pas. Ces bolets occupent un peu notre esprit et nous essayons de les compter pour occuper le temps, mais, sans succès. Un petit break au chalet de Cocorié et nous voici en route pour l’ultime partie en direction du col du Jorat. L’arrivée du jour nous donne quelques forces supplémentaires et l’espoir de venir à bout de cette ascension revient. Pas après pas, on l’aura ce Jorat !!! La limite supérieure de la forêt est atteinte et nous grimpons sous un ciel d’un bleu magnifique avec un seul objectif, plonger en direction de Salanfe et son auberge. Le passage au col nous offre un nouveau décor et nous arrivons sur la dernière portion de cette PTL, qui nous conduira à Chamonix via Emosson. Une bonne tarte aux abricots et un grapefruit avalés, nous voici requinqués pour l’enchaînement col d’Emaney et col de Barberine. Ça va bien, nous trottinons encore les plats et les descentes, le pas en montée, lui, est encore bien acceptable. A Barberine, nous nous accordons 3 minutes de micro-sieste à tout en appréciant ces paysages et pensant à cette aventure hors du commun. Soudain une idée me traverse l’esprit, frites à Emosson? Allez en route, en voici un objectif intermédiaire intéressant. La descente en direction du lac d’Emosson est assez longue et la partie en bitume nous achève. Malgré cela, nous courrons encore, tout ça pour des frites. Emosson, nous sommes déphasés et c’est un retour sur terre, plutôt violent, avec tous ces touristes. Le menu enfant est parfait et les meilleures frites du monde sont avalées, avec comme accompagnement : une petite glace, le festin du 260 ème kilomètre. Nous checkons où sont les frangins Trivel, leur temps entre les points de contrôle pour avoir quelques repères. Nous calculons également notre heure potentielle d’arrivée ; autour de 22 heures cela semble être possible. Le col de la Terrasse est assez bien géré mais le temps se couvre derrière nous et il nous faut encore presser le pas pour atteindre rapidement les Chalets de La Loriaz après 40 minutes de descente. Les ressources du corps humain sont incroyables et courir encore de cette manière nous procure une grande motivation pour le sprint final. Un arrêt rapide aux Chalets de La Loriaz car l’objectif à court terme est de passer les échelles de l’Aiguillette d’Argentière de jour. La descente sur le Buet est assez rapidement effectuée avant de remonter au col des Montets pour une ultime pause café avant de rejoindre les coureurs de l’OCC. Nous prenons notre temps sur la terrasse du chalet de la réserve et en profitons pour discuter un peu de notre aventure. Il ne faut pas s’endormir, nous poursuivons notre route. Plus qu’une vallée à parcourir, la bonne, celle de l’Arve ! Nous laissons l’OCC à Tré le Champ pour reprendre notre ascension et 2 bénévoles sont surpris de nous voir prendre la direction opposée mais, nous, nous sommes sur la PTL! Nous retrouvons Emma dans la montée venue faire quelques photos et cela fait un bien fou de parler un peu. Les échelles, on les veut et on les attend de pied ferme, cela marquera notre ultime montée et changera un peu le rythme. La fameuse Tête aux Vents se rapproche, superbe, nous offrant une fin de journée magnifique et, de surcroît, nous sommes seuls au monde à quelques encablures de Chamonix. Seuls face au Mont-Blanc, comme 10 ans auparavant, à la fin de mon UTMB 2009, une magie que l’on vit mais que l’on ne peut décrire. C’est peut-être ça finalement la richesse d’une aventure, vivre des moments de communion avec la nature tout simplement et les garder au fond de soi. Pas le temps de pavoiser, il nous faut filer de jour à la Flégère. Chaque pose de pied sur un rocher me fait mal à cause d’une bonne ampoule mais pas le temps de desserrer les dents. Sous la Flégère, nous retrouvons la foule de coureurs venant à bout de leur OCC. Certains nous encouragent en voyant notre dossard PTL et certains sont comme surpris de notre relative fraîcheur. Le ravitaillement est bondé et il ne faut pas tarder comme à chaque fois, ici, sur les hauts de Chamonix. Nous sortons nos frontales et nous engoufrons dans cette descente finale empruntée tellement de fois. Le rythme est bon et cela nous fait drôle d’être entourés de coureurs après 4 jours, quasi en solo, au cœur de ce massif du Mont-Blanc. La nuit tombe pour donner une petite magie à cette fin d’aventure et nous nous félicitons simplement à l’entrée de Chamonix en laissant s’échapper quelques larmes. La boucle va être bouclée, cette PTL va se terminer, laissant une trace évidente, à vie, dans notre pratique de ce sport. Qui aurait pensé que ce sport allait connaître une telle évolution et une telle popularité il y a 10 ans? Que de changements et d’engouement mais la PTL te ramène aux choses les plus simples de ce sport : partir du point A pour terminer au point B et tout le reste entre deux se joue avec tes jambes, ta tête mais avant tout ton cœur. Eu cœur, il en fallait un grand pour boucler cette PTL. Les frangins Trivel sont là pour nous accueillir, nous donner gilets et cloches et, comme un petit clin d’oeil, nous arrivons sous la voix de Silvano, le speaker du Tor des Géants. Nous pensions possible, sur le papier, de faire cette PTL en 84h, il nous en aura fallu 1 de plus. Pour la première fois, une arrivée de la PTL se fait le jeudi déjà. Cela est aussi en partie grâce aux Trivel, avec qui, nous aurons fait une aventure hors du commun. enfin… des mercis Merci à la vie de nous offrir de tels moments, j’espère que l’aventure à travers ce sport perdure. Merci aux amis et connaissances venus sur le parcours, à la base vie de Fully ou à l’arrivée à Chamonix. Merci à Emma et Elena pour leur précieuse aide le long de ce périple. Merci aux gardiens des refuges partenaires pour leur attention, gentillesse, écoute, leurs encouragements et délicieux repas à toute heure de la nuit ou de la journée. Merci aux bénévoles de la PTL qui sans eux cette aventure ne serait pas possible. Merci et bravo à Lionel et Damien, les frangins Trivel pour leur amitié et partage d’aventure. Enfin merci à Candide, co-équipier de tant de courses et d’aventures. 

Tout se passe hors de ta zone de confort "

Anonyme

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